dimanche 28 août 2011

True Grit


True Grit est un western des frères Coen sorti en 2010, adapté du roman éponyme de Charles Portis, qui avait déjà fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 1969, sous le nom de Cent dollars pour un shérif, avec John Wayne qui obtient avec ce film, l'unique oscar de sa carrière (pour le coup, ça mériterait d'y jeter un œil).

J'ai toujours aimé les westerns, notamment les westerns spaghettis, qui ont permis le renouvellement du genre (j'ai encore cependant pas mal de lacunes à combler au niveau des westerns plus "classiques"), avec des acteurs comme Lee Van Cleef, Eli Wallach, et surtout le grand Clint Eastwood, mon chouchou. Par ailleurs, j'avais bien apprécié Appaloosa (sorti en 2008), ce qui me mettait suffisamment en confiance pour entreprendre le visionnage de True Grit, un autre western "moderne".

Je dois dire que je n'ai pas été déçu. Le scénario, quoique reprenant quelques codes du genre (la traque au bandit notamment), est suffisamment original pour donner le souffle nécessaire au film. En effet, l'histoire nous met en présence de Matie Ross, jeune fille de 14 ans, dont le père a été assassiné par un de ses employés, et qui s'est enfui en territoire indien. Bien déterminée malgré son jeune âge à retrouver le meurtrier et à le faire payer, Matie réussit, à force d'insister, à engager le marshal Reuben Cogburn (joué par Jeff Bridges, vu notamment dans The Big Lebowski), connu pour être un dur à cuire et pour avoir la gâchette et la descente facile. S'ajoute le Texas Ranger LaBoeuf (Matt Damon), qui traque aussi l'assassin, et on obtient un trio des plus éclectiques en route pour une traque plutôt dangereuse en territoire hostile.

Le marshal Reuben Cogburn

Le film m'a tout d'abord plu par son côté un peu bourru, très réaliste, voire gore. Là où on est généralement habitué à voir des types mourir par balle en s'écroulant "tout simplement" après une petite cabriole, dans True Grit il y a enfin du sang, du vrai (y'a même des doigts coupés d'abord !). Ça fait donc plaisir de voir le western dans un registre un peu moins épuré. On est bel et bien plongé dans un univers violent, peuplé de hors-la-loi, et ça prend un peu plus aux tripes que les autres westerns (c'est bien la première fois que la violence dans un western me fait frémir). Alors certes, on est loin des magnifiques moments de tensions qu'on peut retrouver dans Le bon, la brute et le truand ou Et pour quelques dollars de plus, mais True Grit tire très bien son épingle du jeu avec son action plus brutale (la scène de la pendaison au début du film annonce d'ailleurs bien la couleur).

Ce réalisme et cette brutalité tiennent en bonne partie au jeu des acteurs. Reuben Cogburn, le marshal, est borgne, ivrogne, bourru et sale. Les dialogues sont tout aussi incisifs que les échanges de coup de feu (Matie se fait traiter de laideron, LaBoeuf de garçon vacher à la manque, le marshal d'ivrogne, entre autres). De plus, les bandits, le marshal, et nombre de protagonistes affichent de magnifiques sales gueules, ce qui accentue un peu le côté crado du film.

Bref, un film très sympathique, quoique ne valant pas un "vrai" (old) western, à mon goût.

lundi 22 août 2011

Démineurs


Démineurs (titre original : The Hurt Locker) est un film sorti en 2009 et réalisé par Kathryn Bigelow. On en avait beaucoup entendu parler, puisque le film a été nommé pour de nombreuses récompenses, et en a remporté également un bon paquet dont 6 Oscars en 2010 dont l'Oscar du meilleur film ainsi que celui du meilleur réalisateur (une première pour une femme). 

J'avais donc un certain niveau d'exigences vis à vis de ce film. J'ai finalement été un peu déçu, m'attendant à mieux. Démineurs reste cependant assez sympathique à voir. Le film met en scène une équipe de déminage opérant en Irak, sous les ordres du sergent James, fraîchement arrivé pour remplacer un des démineurs, mort pendant une mission. L'équipe est constituée de trois soldats : le sergent James, le démineur tête brûlée, le sergent Sanborn et le spécialiste Eldridge, tous deux chargés d'assister James pendant les missions, en assurant notamment sa couverture. Le trio sera confronté à des missions toutes plus difficiles les unes que les autres (voiture piégée, civil forcé de revêtir des bombes, explosion de citernes). Sanborn et Eldridge n'en mènent pas large face à leur travail (Eldridge notamment, assailli régulièrement par la peur, est suivi psychologiquement par le docteur de la base) et se rendent rapidement compte que ce n'est pas le cas de James, qui se complaît dans la peur et le risque, omniprésents pendant les missions. Au point de mettre toute l'équipe en danger.

Le sergent James découvre avec horreur que l'obus qu'il vient de désarmer n'est pas seul...

Dans la lignée d'un Lebanon, Démineurs tend à vouloir dépeindre la guerre avec le plus de réalisme possible. La mort est omniprésente, et la peur aussi. Dans tout autre film de guerre, les explosions sont plutôt l'occasion de "planter le décor", et il est rare de voir d'aussi près les conséquences d'une explosion. Dans Démineurs, une déflagration tue et détruit quasiment à chaque fois, et les poseurs de bombe rivalisent d'ingéniosité pour arriver à leurs fins. Chaque mission présente beaucoup de suspens, et une forte tension, puisque tout peut arriver d'un coup, et n'importe qui peut y passer.

Un démineur en tenue lourde progressant lentement vers un engin explosif : le calme avant la tempête
 
Les acteurs sont plutôt bons, et le réalisme est renforcé par la technique de shaky cam, et par certains plans filmés très près des protagonistes.

Bref, un film sympathique qui maintient en haleine et sous tension tout du long, même si je m'attendais tout de même à un peu mieux.

mercredi 10 août 2011

La Route






The Road est un film sorti en 2009. Il est tiré du roman éponyme de Cormac Mc Carthy (qui a également écrit No Country for Old Men). Je n'ai pas lu le livre (c'est cependant prévu), mais le film m'a fait forte impression. Sûrement en grande partie parce que j'affectionne particulièrement les scénarios mettant en scène un monde apocalyptique.

C'est effectivement le cas dans La Route. Suite à une catastrophe (dont on ne sait pas grand chose dans le film), le monde est ravagé, et les quelques survivants tentent de subsister en se disputant le peu de vivres restant (sachant que toutes les ressources de la planète ont été détruites). L'action prend place donc dans un environnement très spécial. On ne voit quasiment pas d'autres couleurs que le blanc, le noir et le gris de tout le film. Tout n'est que cendres et poussières. Cet environnement contribue très fortement à l'atmosphère pesante et morne du film. Difficile de rester de marbre quand on voit les deux personnages principaux, un père et son fils, habillés de vêtements crasseux, déambuler au milieu des arbres calcinés, des villes fantômes et des routes fissurées. On se sent abattu et las.

La majorité de l'environnement du film ressemble à ça

Le film est également poignant grâce à ses personnages. On a d'un côté un homme et son fils qui tentent de survivre en se soutenant mutuellement, et de l'autre, l'humanité qui n'est plus que l'ombre d'elle même. On peut s'attendre à tout des autres survivants. Cannibalisme, viols, vols, on ne peut faire confiance à personne, et n'importe quelle rencontre peut devenir un cauchemar, au point que l'objet le plus cher du couple de protagonistes est un revolver contenant deux balles, en cas de situation désespérée. La peur est omniprésente. La peur des autres, la peur de la planète, la peur de ne rien trouver à manger demain, et surtout, la peur de perdre l'autre.

Poignant. Espérons que décembre 2012 soit un peu plus soft.

mardi 2 août 2011

Peur primale


Ça me prend d'un coup, ça me tombe dessus, sans prévenir, sans crier gare. Impossible à prévoir. Nuls prémices, pas de calme avant la tempête, pas d'échappatoire. Je ne peux que trinquer.

Ça commence par une sensation doucereuse et désagréable. Comme une douleur lancinante qui grandit peu à peu. Comme une nausée envahissant chaque atome de mon être. Comme si l'Angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plantait son drapeau noir (tribute to C.B). A ce moment-là, je ne me doute pas encore que ça va survenir.

Puis ça surgit. Un raz de marée, les digues de mon cerveau explosent. Un torrent de pensées, une seule émotion, mais forte. La peur, primale. Elle asphyxie, noie, submerge, envahit, inonde, engloutit. Ma conscience déborde. Je cherche désespérément à reprendre mon souffle, à me retenir au rivage, à la Terre de la Raison. Mais le courant est trop fort et je suis emporté. C'est le grand chamboulement, le gigantesque remue-ménage, le tremblement de terre dans ma tête, le chambardement dans mes neurones. Tout se bouscule, et j'ai peur d'oublier.

J'ai beau fouiller, me torturer les méninges, tout s'efface, tout s'éloigne hors de ma portée. Et les quelques brides restantes sont plus qu'insuffisantes pour reconstituer quelque chose de cohérent.


J'ai peur.

Azincourt, Verdun, le traité de Westphalie, la défenestration de Prague, les janissaires, les croisades, les guerres d'Italie, le Saint Empire Romain Germanique, les dieux macédoniens, l'économie égyptienne, le périple d'Alexandre, la révolution industrielle, les chartes, la Paix de Dieu, la formation de l’État, Tchang Kaï-chek, la naissance de l'art gothique, les peintres flamands, les vierges à l'enfant, la conférence de Yalta, la baie des cochons, le croissant fertile, l'évolution du papier comme support de l'information, le camp du Drap d'Or, Robespierre, la galerie des rois, l'abbaye de Cluny, l'édit de Nantes, le massacre de la Saint Barthélémy, Napoléon franchissant les Alpes, Les Falaises à Etretat, la figure du tireur d'épine, Camille Corot, Théodore Géricault. Tous ces sujets qui n'avaient plus de secret pour moi. J'ai peur de les oublier.

Satanées études d'histoire...

lundi 1 août 2011

Bons baisers de Bruges


Bons baisers de Bruges est un film réalisé par Martin McDonagh et sorti en 2008. Il met en scène Ray (Colin Farell) et Ken (Brendan Gleeson), deux tueurs à gages envoyés par leur commanditaire Harry, à Bruges, sans savoir de quelle mission ce dernier va les charger. Si Ken voit ces "vacances" comme une aubaine, conquis par le charme de la ville, Ray est beaucoup moins enthousiaste et peste de devoir passer deux semaines dans ce "trou à rat". Les deux compères vont donc devoir cohabiter en attendant de recevoir les ordres de leur patron. Ray rechigne à suivre Ken dans ses balades "culturelles", d'autant plus qu'il est hanté par le fait d'avoir tué un petit garçon par accident, lors de son précédent contrat. J'arrête le résumé ici pour ne pas spoil !

Ce film m'a laissé une impression un peu bizarre, quoique agréable. Je suis d'ordinaire rarement convaincu par les films avec beaucoup d'humour abordant tout de même des sujets sérieux. Mais Bons baisers de Bruges navigue habilement entre ces deux aspects. La gravité transparaît lorsqu'il est sujet du meurtre accidentel de l'enfant. Comment vivre avec ce poids sur la conscience ? C'est ce que Ray, tenté tout d'abord par le suicide, va devoir apprendre à faire. Outre ce côté sérieux, le film reste tout de même très empreint d'humour. Le duo d'acteur fait merveille et se complète parfaitement. D'un côté, Ken, enchanté par la beauté de Bruges, cherche à visiter la ville en attendant raisonnablement les ordres du patron. De l'autre, Ray, bougon, cynique, déprimé, cherche à noyer son chagrin et tente d'entraîner Ken dans des pubs. Ce qui donne lieu à des situations parfois tordantes (du genre une soirée avec "deux prostituées minables et un nain raciste" saupoudrée de cocaïne).

Le duo d'acteur compte pour beaucoup dans le côté humoristique du film
Par ailleurs, le film cultive un petit côté poétique, et joue beaucoup du cadre de la ville de Bruges. On a droit a de très beaux plans de la ville, qu'il s'agisse des canaux, des maisons très stylisées, des monuments, ou encore de la ville vue la nuit. La bande son n'est pas en reste et accompagne magnifiquement ce décor "de conte de fées" comme dit Harry, le rendant totalement enchanteur. Ça prend aux tripes, on n'a qu'une envie : visiter la ville.

Bon, l'image est un peu petite mais pour exemple, on a droit à de jolis plans de ce genre.
Bref, ce film qui ne me tentait que moyennement à la base (l'affiche ne fait pas très envie) m'a finalement fait passer un moment très agréable, malgré quelques moments que j'ai trouvé un peu capillotractés. C'est un film à voir, même si le scénario peut ne pas plaire, il y a des grandes chances d'accrocher au charme de la ville.

Quelqu'un me paie un billet de train pour Bruges ?