mardi 31 mai 2011

Midnight in Paris

[Attention, cet article contient quelques spoils]

Je ne pensais pas du tout aller voir Midnight in Paris, mais j'ai été convié à le voir, et je me suis finalement retrouvé dans une salle de ciné, avec tout de même beaucoup d'appréhension. "Un autre Woody Allen" me disais-je, le "Woody Allen nouveau", le "Woody Allen de l'année". Un peu comme les écrivains qui pondent un roman par an pour ressortir toujours le même schéma littéraire. Surtout que le synopsis ne donne pas réellement envie : "Un jeune couple d’américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville-lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne." (via Allociné).

Et les vingt premières minutes du film confirment effectivement mes impressions. Des personnages peu intéressants à mon goût (j'y reviendrai un peu plus loin), et ce personnage principal, Gil Pender, un écrivain un peu romantique/mélancolique/la tête dans les nuages, qui s'oppose aux autres protagonistes, de vilains méchants amis beaucoup trop terre à terre pour comprendre le pauvre Gil. Tant et si bien que je commençais à pester : "nom d'un chien, ça sent la comédie romantique en milieu bobo made in Woody Allen, pitiéééé pas de triangle amoureux !!".

Fort heureusement, la suite du film s'est empressée de me donner tort, puisque viennent les phases "fantaisistes" du film, auxquelles je ne m'attendais pas du tout. Et effectivement, comme le souligne L'Express, il s'agit d'une "très bonne surprise". On entre de plein pied dans le trip du personnage principal (et du réalisateur par la même occasion), les cloches sonnent, il est enfin minuit à Paris et notre attente est récompensée. Des peintres, des écrivains, des cinéastes, des musiciens, une véritable orgie d'artistes qu'on s'émerveille de rencontrer. Le choix des acteurs y est, me semble-t-il, pour quelque chose, ayant personnellement beaucoup aimé le jeu d'Adrian Brody. Des protagonistes qui enchantent, qui fascinent, au même titre qu'ils éblouissent ce cher Gil Pender, qu'on s'amuse alors à apprécier, après qu'on se soit ingénié à le mépriser. Nul besoin d'être un fervent admirateur des années 1920, l'univers évoqué par le réalisateur étant suffisamment attractif.

Le film comporte tout de même quelques points négatifs. Je n'ai effectivement pas du tout aimé la plupart des personnages "réels". A force de nous servir à chaque fois une intrigue en milieu bobo, la sauce ne prend plus. Même si ce type de protagoniste est mis ici au service du film, afin de faire ressortir le contraste entre le Paris actuel et le Paris des années 1920, il n'en reste pas moins que les personnages sont trop beaux, trop intelligents, trop riches, trop cultivés, trop ... tout simplement "trop", au point que c'en est exaspérant. On aimerait des personnages un peu plus "cohérents", le genre de personne qu'on puisse croiser dans la rue ou qu'on puisse connaître (bon j'avais qu'à naître en milieu bobo aussi !). Ne retirons cependant pas à Woody Allen le mérite d'avoir su exploiter ce côté agaçant, de manière à en faire une force dans Minuit à Paris. Mettre en évidence les défauts des personnages utilisés habituellement dans ses films pour accentuer le monde magique du Paris des années 1920, je dis chapeau, il fallait le faire !

Pour finir, on peut également déplorer le côté un peu "masturbation intellectuelle" de ce Paris de l'âge d'or. En effet, même en connaissant la plupart des personnages historiques présentés dans le film, il est difficile de les avoir tous lu, d'avoir vu toutes leurs œuvres/films/peintures et il devient alors difficile de suivre certaines scènes ou de comprendre certaines allusions, c'est l'overdose littéraire (à cause de ce film, ma liste de bouquins à lire s'est allongée d'une vingtaine de titres).

Outre ces mauvais côtés, le film reste une très bonne surprise, et je rêve désormais de croiser Charles Baudelaire dès que sonnent les douze coup de minuit.

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