mardi 2 août 2011

Peur primale


Ça me prend d'un coup, ça me tombe dessus, sans prévenir, sans crier gare. Impossible à prévoir. Nuls prémices, pas de calme avant la tempête, pas d'échappatoire. Je ne peux que trinquer.

Ça commence par une sensation doucereuse et désagréable. Comme une douleur lancinante qui grandit peu à peu. Comme une nausée envahissant chaque atome de mon être. Comme si l'Angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plantait son drapeau noir (tribute to C.B). A ce moment-là, je ne me doute pas encore que ça va survenir.

Puis ça surgit. Un raz de marée, les digues de mon cerveau explosent. Un torrent de pensées, une seule émotion, mais forte. La peur, primale. Elle asphyxie, noie, submerge, envahit, inonde, engloutit. Ma conscience déborde. Je cherche désespérément à reprendre mon souffle, à me retenir au rivage, à la Terre de la Raison. Mais le courant est trop fort et je suis emporté. C'est le grand chamboulement, le gigantesque remue-ménage, le tremblement de terre dans ma tête, le chambardement dans mes neurones. Tout se bouscule, et j'ai peur d'oublier.

J'ai beau fouiller, me torturer les méninges, tout s'efface, tout s'éloigne hors de ma portée. Et les quelques brides restantes sont plus qu'insuffisantes pour reconstituer quelque chose de cohérent.


J'ai peur.

Azincourt, Verdun, le traité de Westphalie, la défenestration de Prague, les janissaires, les croisades, les guerres d'Italie, le Saint Empire Romain Germanique, les dieux macédoniens, l'économie égyptienne, le périple d'Alexandre, la révolution industrielle, les chartes, la Paix de Dieu, la formation de l’État, Tchang Kaï-chek, la naissance de l'art gothique, les peintres flamands, les vierges à l'enfant, la conférence de Yalta, la baie des cochons, le croissant fertile, l'évolution du papier comme support de l'information, le camp du Drap d'Or, Robespierre, la galerie des rois, l'abbaye de Cluny, l'édit de Nantes, le massacre de la Saint Barthélémy, Napoléon franchissant les Alpes, Les Falaises à Etretat, la figure du tireur d'épine, Camille Corot, Théodore Géricault. Tous ces sujets qui n'avaient plus de secret pour moi. J'ai peur de les oublier.

Satanées études d'histoire...

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