samedi 29 octobre 2011

La curée



La Curée est un roman d’Émile Zola paru en 1872, second volume de la série des Rougon-Macquart. Il se déroule à Paris sous le Second Empire. Les personnages principaux en sont Aristide Rougon/Saccard, qui est déjà présent dans le premier roman de la série des Rougon-Macquart (La fortune  des Rougon), Renée Saccard la seconde femme d'Aristide et Maxime Rougon/Saccard, le fils d'Aristide et de la première femme d'Aristide. Ces trois personnages, tous foncièrement différents, vont former un triangle relationnel plutôt complexe qui donne l'essentiel de sa substance au roman.

Aristide Saccard est un personnage rusé et cupide, qui cherche à s'enrichir même s'il doit tomber dans l'illégalité pour cela. Fausses sociétés, mensonges, surestimation de ses biens à la revente, vol de l'argent et des biens de sa femme, il ne recule devant rien et gère habilement tout son fragile édifice d'affaires avec une énergie inépuisable. Il est régulièrement affecté par les hauts et les bas du marché immobilier et de la spéculation mais manœuvre toujours de manière à s'en sortir. Son but est d'amasser un maximum d'argent grâce à la ville de Paris. Son caractère est très bien retranscrit au début du second chapitre : "Aristide Rougon s'abattit sur Paris, au lendemain du 2 Décembre, avec ce flair des oiseaux de proie qui sentent de loin les champs de bataille". Il est ainsi comparé à un véritable charognard, ne rechignant pas à fouiner partout pour obtenir ce qu'il veut : "oui oui, j'ai bien dit, plus d'un quartier va fondre, et il restera de l'or aux doigts des gens qui chaufferont et remueront la cuve. Ce grand innocent de Paris ! vois donc comme il est immense et comme il s'endort doucement ! C'est bête, ces grandes villes ! Il ne se doute guère de l'armée de pioches qui l'attaquera un de ces beaux matins [...]".

Renée Saccard née Béraud du Châtel est la fille d'un ancien magistrat et dispose d'une grande fortune. A sa sortie du couvent, elle est violée par un homme et recherche désespérément un homme pour assumer l'enfant auprès de son père, homme qu'elle trouvera en la personne d'Aristide Saccard, qui voit là un fantastique moyen d'ascension sociale. Renée se marie avec Aristide, perd son enfant, commence à se lier avec Maxime, le premier fils d'Aristide, et mène un train de vie extravagant de luxure et de richesse, tout en se faisant dévaliser petit à petit par son mari.

Maxime Rougon est le fils d'Aristide. Il est tout d'abord élevé à la campagne et revient à Paris au début de son adolescence pour vivre avec Renée et Aristide. Il se lie avec Renée et commence lui aussi une vie de débauche arrosée par l'argent de son père, tout en manoeuvrant habilement pour s'insérer dans la haute société parisienne.

On suit donc ces trois personnages dans leur évolution dans les hautes sphères décadentes de l'empire et de nombreux rebondissements affectent leurs vies. On peut ainsi évoquer à titre d'exemple, la violente passion qui unit Renée et Maxime, passion qui finira par aboutir à une relation incestueuse entre les deux protagonistes qui se considèrent avant tout comme belle-mère et beau-fils. Leur histoire terminera aussi violemment qu'elle a commencé et Renée n'en ressort pas indemne.

La particularité de l’œuvre tient dans l'extraordinaire pertinence de son titre, qui résume le roman à lui tout seul. La curée, c'est ici la ruée vers l'argent, vers la spéculation, vers la débauche et les trains de vie faramineux et vers les multiples liaisons amoureuses. On retrouve une des idées principales du réalisme que de retranscrire la vie et les faits dans tout ce qu'ils ont de plus sordide et affreusement vrais.

On a effectivement l'impression, une fois l’œuvre terminée, d'avoir assisté à la dépouille d'une charogne par une horrible nuée de corbeaux surexcités et décadents, et c'est toute la force du verbe de Zola qui évoque en nous cette image à la fois délicieusement fascinante et affreusement repoussante.

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