lundi 6 juin 2011

Lebanon

"Je venais d’avoir 19 ans en mai 1982. La vie était belle. J’étais amoureux. Ensuite on m’a demandé de partir sur une base militaire et d’être le tireur du premier tank à traverser la frontière libanaise…"

Sorti en 2009 et primé au Lion d'Or la même année à la Mostra de Venise, Lebanon m'avait beaucoup attiré par son synopsis et les critiques qui avaient été faites. Je n'avais alors pas pris le temps de le regarder, mais c'est désormais chose faite.

Le film traite de l'histoire de 4 soldats israéliens, avec un concept tout à fait intéressant : le quotidien des soldats est filmé de l'intérieur du tank où ils sont affectés. Le seul regard que nous avons sur l'extérieur se fait via les lunettes de visées du canon ou de la mitrailleuse. Il s'agit donc d'un film de guerre, mais filmé à huis clos, une idée plutôt captivante, vous en conviendrez !

Le film a plutôt bien rendu hommage à ce concept et m'a fait assez bonne impression. On prend conscience de "l'enfermement" des hommes dans le tank dès les premières minutes du film, quand le quatrième et dernier soldat rejoint ses collègues dans la sombre carcasse d'acier. Le spectateur est lui-même oppressé, et mis au niveau des protagonistes. L'atmosphère se fait alors de plus en plus pesante, tout le long du film. Chaleur, moiteur, manque d'hygiène, saleté, bruit, cahots, l'intérieur du tank devient rapidement aussi hostile que l'environnement extérieur (terrain ennemi). Les hommes sont alors renvoyés à eux-même et les personnalités ne tardent pas à s'entrechoquer, tantôt dans la confrontation, tantôt dans la conciliation.

Puis, ce sont les échauffourées avec l'ennemi, et un niveau supplémentaire d'appréhension s'ajoute. Les adversaires ne sont que très peu visibles, renforçant ainsi la tension à l'intérieur du tank, et mettant à rude épreuve les nerfs déjà à vifs des soldats. Même protégés à l'intérieur du lourd véhicule, on sent les hommes vulnérables, sur le qui-vive, inquiets, et confrontés à quelque chose qu'ils ne connaissent encore que très peu et dont ils ont peur : la guerre. Ceci s'exprime notamment au début du film par l'incapacité de l'artilleur de faire feu sur des êtres humains, parce que "ce n'est pas comme à l'entraînement". Concept récurrent dans le film de guerre que le malaise exprimé par l'homme d'assassiner l'un de ses semblables parce qu'on lui en a donné l'ordre. Mais dans Lebanon, ce concept est d'autant plus fort qu'on fait parti intégrante de l'attirail de guerre, de la machine de mort, puisque le spectateur et le soldat voient tout deux par le viseur, et savent ce que presser la détente signifiera pour ce qui se trouve dans le collimateur.

C'est viscéral.

2 commentaires:

  1. Un article par jour, Clio se voit ravie.

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  2. Tu m'as rappelé au bon souvenir de ce film que j'avais squeezé à sa sortie en salle. Si mes souvenirs sont bons ça tombait en fin d'année scolaire ou un truc du genre... Soit, pour le coup ça fait un film de plus à voir, et une bonne piqûre de rappel pour un autre : Armadillo ; à voir aussi.

    http://www.youtube.com/watch?v=91A0MCZWjm8

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