jeudi 2 juin 2011

Mémoires de nos pères

Comme promis, j'ai profité d'avoir vu Lettres d'Iwo Jima pour regarder également Mémoires de nos pères, de Clint Eastwood. Pour rappel, ce film traite également de la bataille d'Iwo Jima, mais du point de vue des américains cette fois-ci. Certaines scènes servent d'ailleurs de passerelles entre les deux films. Quelques unes sont quasiment identiques (notamment les plans du débarquement) et d'autres font seulement allusion à Lettres d'Iwo Jima (notamment la découverte morbide d'une casemate japonaise).

Mémoires de nos pères n'aborde cependant pas les mêmes thématiques. Je vous parlais justement de la célèbre photo de la bataille d'Iwo Jima représentant les soldats américains plantant un drapeau au sommet du mont Suribachi. Cette photographie est au centre du film. Elle a été prise par Joe Rosenthal, en Février 1945. Le film retrace l'histoire de ce fait historique, en se basant sur le livre (du même nom que le film) de James Bradley, fils de John Bradley, l'un des soldats américains présent sur la photo. Clint Eastwood s'efforce donc d'être le plus proche possible de la réalité. Les scènes présentes dans le film sont ainsi strictement fidèles au livre de James Bradley, jusqu'aux répliques des différents protagonistes.

Le film s'articule autour de deux moments majeurs : d'une part quand les soldats américains débarquent sur l'île d'Iwo Jima et plantent le drapeau quelques jours plus tard, et d'autre part, quand trois des soldats présents sur la photo (les trois autres étant morts) rentrent aux États-Unis pour y être honorés. La cliché a effectivement fait le tour du pays, symbolisant l'espoir d'une victoire proche pour une nation exsangue. Les trois soldats sont accueillis en héros, et sont sommés de faire le tour du pays pour raconter leur histoire afin de récolter de l'argent pour soutenir l'effort de guerre. Outre quelques problématiques historiques (entre autres la confusion autour de l'identité d'un des soldats hissant le drapeau), le film centre essentiellement son regard sur la confrontation des "héros" à leur nouveau statut. L'expérience n'est pas de tout repos, pour ces hommes brutalement arrachés au front après avoir assisté à la destruction de leur unité, et relâchés dans une vie mondaine. Réminiscences désagréables du front pour l'un, sentiment d'avoir été inutile pour un autre, et honte d'être ainsi exposé pour le troisième.

C'est ce dernier qui nous touche plus particulièrement. Ira Hayes, d'origine indienne (et donc confronté au racisme) ne supporte pas d'être traité en héros par égard pour ses compagnons morts, et par les actes qu'il a pu commettre ou voir, pendant qu'il était au front. Le film confronte ainsi cette idée de glorification (nécessaire ici pour le moral de la nation), à l'amertume des soldats, qui savent eux qui ils sont vraiment.

Le film aborde donc un sujet peut être un peu plus "courant" que celui qui était exposé dans Lettres d'Iwo Jima, le décalage entre ce qu'est réellement la guerre et comment elle est en fait perçue, et la perception de ce décalage par les soldats. Le film exhorte alors à se souvenir de la guerre et des hommes qui l'ont faite, selon la Mémoire de nos pères.

Outre ce sujet déjà abordé dans le cinéma, j'ai personnellement plutôt apprécié l'éclairage apporté par le film sur un fait historique : la photo, qui fit couler beaucoup d'encre. Mais peut-être est-ce là un de mes délires d'historien !

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